10/08/2007

On joue à un Jeu

On joue à un jeu.

Je vous donne quelques extraits de textes qui seraient les symptômes d'une dépression. Si vous vous y retrouvez, je vous garantie une guérison complète dès la fin de ce billet.

N'allez surtout pas croire que vous irez mieux, mais vous ne serez plus dépressif.

1) Vous sentez que le monde d'aujourd'hui est «riche avant tout en excitants; il semble que rien ne lui soit plus indispensable que les stimulants et les eaux-de-vie : de là aussi cette vaste falsification de l'idéal, cette eaux-de-vie de l'esprit; e la aussi cette atmosphère répugnante, empestée, chargée de mensonge et de pseudo-alcool (la moralité à deux cennes), que l'on respire partout».

2)Lorsque vous considérez votre travail et la façon dont la société est gérée par le gouvernement, vous n'y découvrez qu'un «vernis hypocrite dont sont recouvertes toutes les institutions bourgeoises, qui semblent toutes des produits de la moralité - par exemple le mariage, le travail, la profession, la patrie, la famille, l'ordre, le droit. Mais comme elles sont toutes destinées à la sorte d'hommes la plus médiocre, qu'elles veulent défendre contre les exceptions et les besoins d'exceptions, vous admettez qu'il est légitime ici de beaucoup mentir». Beaucoup mentir...comme lorsqu'on admet et cautionne l'existence d'une chose parce que dans le fond...c'est comme ça et c'est tout, l'aveu d'une défaite, d'une faiblesse. On justifie la faiblesse par l'absolu et le «c'est comme ça et c'est tout».

3) Partout où vous portez votre regard et votre esprit critique vous considérez «que les eaux des grandes idéologies sont en baisse et laissent derrière elles des marécages ou des étangs; que les nations s'oppose t de nouveau dans de vives hostilités et cherchent à se déchirer. Les sciences, cultivées sans mesure et avec la plus aveugle insouciance, émiettent et dissolvent tout ce qui était l'objet d'une ferme croyance ; les classes cultivées et les États civilisés sont balayés par un courant d'affaires magnifiquement dédaigneux du monde en général. Jamais un siècle ne fut plus séculier et plus pauvre d'amour et de bonté. Les milieux intellectuels ne sont plus que des phares ou des refuges au milieu de ce tourbillon d'ambitions concrètes. De jour en jour ils deviennent eux-même plus instables, plus vides de pensée et d'amour. Tout est au service de la barbarie approchante, tout y compris l'art et la science de ce temps»

4) Vous pensez que les gens camouflent leurs manque de courage derrière de grands mots ou de grandes idées, «sous toute sorte de déguisements moraux - Les grands mots: la tolérance (c'est-à-dire l'incapacité de dire dire ni oui ni non) ; la sympathie (un tiers d'indifférence, un tiers de curiosité, un tiers d'excitabilité morbide) ; l'objectivité (le manque de personnalité, manque de volonté, incapacité d'aimer); la liberté contre la règle (romantisme); la vérité contre la falsification et le mensonge (naturalisme) ; l'esprit scientifique (le document humain [alias Loft Story ou Occupation Double], le roman feuilleton et l'accumulation substituée à la composition); la passion, c'est-à-dire le désordre et la démesure; la profondeur, c'est-à-dire la confusion...». En gros, le travestissement complet des beaux mouvement de l'âme, synonyme de la Décadence.

5) Vous êtes très critiques face aux psychologies et vous pensez que «les thérapeutiques psychologiques et morales de changent rien au cours de la décadence, ne l'entravent pas, elles sont physiologiquement nulles. Comprendre la grande nullité de ces prétendues «réactions»; Vous croyez que ce sont en fait «des narcoses qui parent à certaines conséquences fatales; elles n'expulsent pas l'élément morbide; ce sont des tentatives souvent héroïques pour annuler l'homme décadent, pour réduire autant que possible sa nocivité».

Si vous pensez tout cela, en ces termes ou d'autres plus aux goût du jour, je vous apprends, non sans une immense joie, que contrairement à ce qu'on vous aurait dit sur votre condition psychologique, vous n'êtes pas dépressif. Votre état d'esprit représente un danger pour la société et ses institutions parce que vous n'y croyiez plus. Les grands principes sur lesquels sont érigés la société et l'état vous apparaissent faux et caducs. C'est pourquoi on vous a dit que vous étiez malades, que vous aviez besoin d'aide. On vous a dit que le soutien psychologique vous ferais du bien et c'était vrai. La psychothérapie vous fait du bien, la laine a recommencée à pousser sur votre corps, la communauté saine vous tend les bras et plus que tout vous désirez cet accueil.

Tout cela est vrai, pourtant vous n'êtes pas dépressif. Vous êtes nihilistes.
Vous n'êtes pas malade, vous êtes vivant. Vous êtes tellement en vie que tout votre corps cri au mensonge et ce qui vous fait mal, c'est votre manque de force face à cette volonté qui fait rage et tempête pour vous montrez le monde tel qui est: sans deuxième chance, sans absolution sans rien d'autre que cette voix faite de «Je, Je, Je» envers et contre tous. Vous êtes vivants, ce qui vous fait mal et vous épuise tant c'est votre refus de la considérée pour la vie pour ce qu'elle est, préférant à la place les promesses romantiques que nous offre nos désir d'absolu : Amour Incessant, Jeunesse Éternelle, Bonheur, etc. Sénèque dirait que vous avez des «désirs d'immortel, mais des craintes de mortels».

Vous vivez un grand malaise et une lassitude profonde. Vous savez de toute vos fibres que toute action est illusoire et sans conséquences absolue, tout ce vaut. Il n'y a pas de vérité, pas de solution, pas d'espoir. C'est là que réside votre envie de sens et d'absolu. Constamment frustré, la vie vous apparaît vide d'elle-même.

C'est lourd je sais. Je ne vous ai jamais dit que vous iriez mieux, seulement que vous ne seriez plus malade. Vous êtes mal peut-être, mais fort et en vie.

Si vous êtes relativement d'accord avec ce qui est écrit ici, soyez certain de ceci:
Vous n'allez pas bien, mais vous n'êtes pas malade, pas dépressif. Vous êtes forts, vous êtes en vie.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

"Vous n'allez pas bien, mais vous n'êtes pas malade, pas dépressif. Vous êtes forts, vous êtes en vie."
Yé!
Je réciterai ce texte à ma psy ce soir! Déjà hâte de voir la gueule qu'elle fera...

Bacchus a dit…

hey, les psychologues me considèrent comme un décadent tsé...selon la psychologie, j'ai probablement besoin d'une thérapie, alors je ne suis pas certain qu'elle va trouver ça très efficace!

Si elle réagit mal, dis lui qu'elle m'appelle :)

ps: est-ce que c'est toi que j'ai vu dans la rue en fin de semaine?

Anonyme a dit…

Oui, of course! Tu ne m'as pas reconnu? Oh la la!
Ça fait longtemps, c'est vrai.
Selon la psychologie, tout le monde a besoin d'une thérapie. Je te conseille à ce propos 28 jours dans le bois sans ordi, journaux, télé, téléphone, alcool, drogues, 7up et sucreries. Le bonheur! Je recommencerais n'importe quand. Malheureusement, ou pas, je dois m'efforcer de ne plus jamais en avoir le besoin :)
Ton blog est surprenant m'sieur Bacchus. Chaque jour j'en découvre un peu plus sur toi... Mais qui êtes-vous vraiment et qu'avez-vous fait de b_log?!
: )

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