J'ai commencé par ouvrir les yeux. Ensuite, si je me souviens bien, j'ai tendu les bras vers le dehors en respirant profondément. Assez pour avoir l'impression d'inspirer le monde. C'est le torse gonflé, les bras ouverts et l'univers dans la poitrine que je me suis mis à regarder vers l'avenir. Tout était à moi. Mon sentiment de propriété était tel que je me sentais en communion avec l'ensemble de la réalité, la terre et au-delà, tout m'appartenais. J'étais un autochtone, spontanément éjecté dans un monde de nourriture où tout m'alimentait.
D'accord, je le concède, je n'y voyais rien puisqu'il faisait nuit. N'eut été du bruit épouvantable de ma conscience, je me serais cru flottant dans le néant avec ma seule existence pour me tenir compagnie. Le verbe «exister» m'apparaissait comme le vrombissement à tout rompre d'une immense cascade ou bien comme les cascades du fleuve d'Héraclite. En me concentrant, j'arrivais à déceler un son ambigü qui accompagnait celui de ce terrible court d'eau. Ce n'était pas une mélodie, ni même un accord, pas un son...il s'agissait plutôt d'une fréquence. Dans la pièce d'à côté, on changeait les postes d'un radio. Sans pouvoir y trouver une histoire ou sans entendre une nouvelle, je captais tout de même du sens et lentement, mon univers se fixait en de multiples formes. Ici, une maison apparaissait, de plus en plus grande. Elle se meublait, prenait vie, se rénovait. Des antennes y poussait qui me mettait en contact avec le monde. Dans la cours, une voiture s'était manifestée; banc de cuir, gros moteur, kit de son. Puis un deuxième; 4x4, grosses roues, beaucoup d'espace. Excité par tant de nouveauté, je traversai un salon rempli de livres que je ne lirais jamais, un ordinateur était là, arrimé à un énorme écran qui montrait des formes géométriques en suivant le rythme de la musique d'un Ipod haut de gamme. Partout, le fleuve plein de rapide se figeait pour devenir un ou l'autre objet que je désirais. Mes moindres voeux s'exauçaient...j'entendais même les rires d'au moins deux femmes dans le spa qui venait d'apparaître dans ma cour.
Puis, tout devînt calme, fixe. Le silence m'envahissait, opressant. Pourtant, tout grandissait à vu d'oeil, j'étais comme Alice au pays des merveilles: de plus en plus petit. Les murs croissaient à la vitesse lumière. Bientôt, je ne fus plus capable de grimper les marches de l'escalier et tout ça dans le silence le plus complet. Tout était si immense que j'en perdais la mesure. Mon univers se décomposait en lignes droites au fur et à mesure que la perspective faisait disparaître les courbes et les rondeur. Les couleurs s'étiolaient de plus en plus, les contrasts se déchirait et s'éloignaient les uns des autres, les objets devenaient informes et ma raison cherchait en vain à faire du sens de cette masse primordiale, au-delà du chaos, mon monde redevenait du néant. Je découvrais le «nulle part» des fables et des mondes absents. Cette univers pulsait. À l'extérieur, un géant respirait et j'en ressentais la pression sur les paroies de ma réalité. Ce qui m'effrayait le plus, c'était ce son, à peine deviné, d'une marée océanique qui s'abattait sur les remparts de mon ancienne demeure qui me semblait alors très fragile. À l'extérieur, Neptune, choqué noir, allait m'engloutir. Terrorisé, je me fit petit, minuscule au point de disparaître.
Ma disparition est venue comme un choc et c'est une chance puisque je me suis réveillé, dans le noir et n'eut été du bruit épouvantable de ma conscience, je me serais cru flottant dans le néant.
J'avais fait un rêve américain.
D'accord, je le concède, je n'y voyais rien puisqu'il faisait nuit. N'eut été du bruit épouvantable de ma conscience, je me serais cru flottant dans le néant avec ma seule existence pour me tenir compagnie. Le verbe «exister» m'apparaissait comme le vrombissement à tout rompre d'une immense cascade ou bien comme les cascades du fleuve d'Héraclite. En me concentrant, j'arrivais à déceler un son ambigü qui accompagnait celui de ce terrible court d'eau. Ce n'était pas une mélodie, ni même un accord, pas un son...il s'agissait plutôt d'une fréquence. Dans la pièce d'à côté, on changeait les postes d'un radio. Sans pouvoir y trouver une histoire ou sans entendre une nouvelle, je captais tout de même du sens et lentement, mon univers se fixait en de multiples formes. Ici, une maison apparaissait, de plus en plus grande. Elle se meublait, prenait vie, se rénovait. Des antennes y poussait qui me mettait en contact avec le monde. Dans la cours, une voiture s'était manifestée; banc de cuir, gros moteur, kit de son. Puis un deuxième; 4x4, grosses roues, beaucoup d'espace. Excité par tant de nouveauté, je traversai un salon rempli de livres que je ne lirais jamais, un ordinateur était là, arrimé à un énorme écran qui montrait des formes géométriques en suivant le rythme de la musique d'un Ipod haut de gamme. Partout, le fleuve plein de rapide se figeait pour devenir un ou l'autre objet que je désirais. Mes moindres voeux s'exauçaient...j'entendais même les rires d'au moins deux femmes dans le spa qui venait d'apparaître dans ma cour.
Puis, tout devînt calme, fixe. Le silence m'envahissait, opressant. Pourtant, tout grandissait à vu d'oeil, j'étais comme Alice au pays des merveilles: de plus en plus petit. Les murs croissaient à la vitesse lumière. Bientôt, je ne fus plus capable de grimper les marches de l'escalier et tout ça dans le silence le plus complet. Tout était si immense que j'en perdais la mesure. Mon univers se décomposait en lignes droites au fur et à mesure que la perspective faisait disparaître les courbes et les rondeur. Les couleurs s'étiolaient de plus en plus, les contrasts se déchirait et s'éloignaient les uns des autres, les objets devenaient informes et ma raison cherchait en vain à faire du sens de cette masse primordiale, au-delà du chaos, mon monde redevenait du néant. Je découvrais le «nulle part» des fables et des mondes absents. Cette univers pulsait. À l'extérieur, un géant respirait et j'en ressentais la pression sur les paroies de ma réalité. Ce qui m'effrayait le plus, c'était ce son, à peine deviné, d'une marée océanique qui s'abattait sur les remparts de mon ancienne demeure qui me semblait alors très fragile. À l'extérieur, Neptune, choqué noir, allait m'engloutir. Terrorisé, je me fit petit, minuscule au point de disparaître.
Ma disparition est venue comme un choc et c'est une chance puisque je me suis réveillé, dans le noir et n'eut été du bruit épouvantable de ma conscience, je me serais cru flottant dans le néant.
J'avais fait un rêve américain.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire