24/08/2007

Au coeur de Québec

Hier soir, une vieille chienne édentée m'attendais au pied de l'escalier Badelard à Québec. Elle me fixait d'un regard prudent mais décisif. Sa fourrure était hirsute et humide, ses pattes semblaient allourdies par les rhumatismes mais elle ne s'en plaignait pas. Elle devait bien avoir mal pourtant, mais si c'était le cas elle n'en laissait pas paraître le moindre signe. Éplorés par la pluie, les arbres laissaient pendre leurs bras vers elle et amplifiait l'impression de lourdeur que l'animal donnait. Derrière elle, les rayons d'un globe lumineux déchiraient l'hymen moite des escaliers qui devaient me ramener chez moi et me laissait entrevoir un sommeil profond et confortablement doublé de rêves d'un avenir meilleur.

On m'avait congédié de mon travail plus tôt et je quittais l'enfer d'un monde coincé entre le jour et la nuit pour me frapper le nez au Cerbère de la Haute Ville!

J'hurlai à l'aide, je lui tirai mes bottines, mon argent, je l'implorai de me laisser aller me coucher, de me laisser passer à autre chose. Rien n'y faisait, ce satané canin ne me laissait pas passer, me montrant ses crocs dès que je m'efforçais d'apporter un peu de changement à ma condition. Cette situation était lassante et peu à peu l'espoir de m'en sortir me quittait pour être remplacé par un désir de rébellion et de chaos qui était aussitôt réprimé par la puissance de cette chienne louvoyante qui m'enchaînait à la conformité. Mon état s'empirait et le sien était fort.

J'étais impuissant, mais elle était mourante! Avec cette pensée une nouvelle force s'empara de moi et d'un petit être à la gorge déployée et implorante, je devins une armée de rieurs! La chienne fût traversé d'un grand frisson et elle laissa s'échapper ce que je cru être son dernier soupir. Parfois, les bêtes qui présentent une telle force arrive à conjurer assez de vie pour tromper l'imminence de leurs disparition et disparaître dans un fracas d'aboiements et de rebellion!

La vieille chienne aboya une première fois, m'avisant ainsi de me taire. Elle aboya une deuxième fois, longuement et avec hardeur, me signifiant aussi la chance que j'avais d'avoir été le témoin de l'incarnation de la force et de la beauté d'une bête seule contre tous. Enfin, elle hurla une troisième et dernière fois, pour elle-même, comme pour exorciser et jetter au dehors cette nature faillible et mortelle qui la condamnait au silence.

La mairesse Boucher est décédée.


Parlez-en en bien, parlez-en en mal...


4 commentaires:

Anonyme a dit…

La mairesse a défusioné une dernière fois...

Bacchus a dit…

Avoir su que ce dossier là ce règlerait vite de même...

Anonyme a dit…

Ça va prendre du gros budget pour le monument qu'ils vont ériger à sa mémoire pour le 400e...

Anonyme a dit…

Sans elle les badeaux de Saint-Roch vont surement reconstruire leur toît... Et à quand la réaction de l'organisateur du Red Bull Air Race?! Louche...

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