25/09/2007

Les bras d'un autre

Je me suis réveillé avec l'impression très claire que les choses avançaient. Ma quête s'achevait et après un peu plus de 32 ans de dérive, j'allais enfin découvrir quel genre d'homme j'étais et me jeter à la face du monde comme une claque su'a gueule. Plus que quelques jours avant l'âge mythique et fondateur: l'âge du Christ.
Couvé sous ma douillette, je méditais sur la qualité de mon existence et je prenais tranquillement conscience de mon univers. Je n'ai jamais cru aux gnomes, aux fées ou aux elfes, mais aujourd'hui c'était différent. Ma chambre avait changée pendant la nuit et seule une puissante magie aurais pu venir à bout de ce lieu lugubre et renfermé ou je m'étais enfermé la veille. À la place de la vieille toile de polyester blanc, trouée et coupante, on avait mis un contour ensoleillé et l'odeur de fond de tonne avait fait place à un gaz plus léger et plus frais. C'était le jour, on m'avais transporté dans le monde meveilleux de Disney et au lieu de me levé en me disant «encore», je naissais à ce nouveau monde avec le mot «enfin». J'étais bien endolori par mes ébats de la veille avec Morphé, mais les petites douleurs d'un mâle naissant sont pour lui sans conséquences. Je me laissais flotter avec volupté en me grattant l'homme et en portant une attention vague à la clameur qui montait de la rue, étonné de sentir mon esprit chercher à faire du sens et de la cohérence avec ce qui n'en a pas. Comme si, tout naturellement, le son des voitures, les miaulements, le cris d'enfants, les bruits de construction et la rumeur de la ville était relié par une longue chaîne de circonstances qui ne me restait qu'a découvrir. J'avais beau faire, ma tête voulait du sens, la raison s'emparait de moi et toute ma belle disposition à recevoir et à communier avec une ville renouvelée s'effaçait à mesure que ma rationalité reprenait son cours. Un sentiment de désespoir m'envahissait alors que mon entendement lacérait mon univers onirique et que le quotidien reprenait ses droits: appeler Mastercard, faire la vaisselle laissée là par mon frère, aller me promener sur la rue St-Jean, sourire, être poli. Fait chier putain.
Dans le coin gauche, l'ennui avec un grand E. Celui dont on ne sort pas, celui qu'on évite et qu'on veut tromper. L'ennemi juré que l'existence lance à notre poursuite dès l'âge de raison et qui nous force à trouver tout un éventail de petits trucs pour y survivre. Dans le coin droit, l'envie de dormir, ou de pêter les plombs et de faire une colère aux proportions épiques puis de tout laisser tomber et de s'enfuir loin, loin. Fidèle à ma génération, je reste allongé dans mon lit, en croix et je me concentre sur une discussion d'étudiants qui a lieu juste en bas, dans la rue: «non, je te dis, Morphé c'est un homme». Ça fait 33 ans que je m'endors dans les bras d'un homme et c'est maintenant que je le découvre?!

La journée s'annonce étrange.




1 commentaire:

Anonyme a dit…

Eh oui... Morphée est un homme, même si son nom se termine par un e... ça jette par terre hein? Je connais un type (un peu con sur les bords) qui est un «tantinet» homophobe à qui j'ai servi ce supplément d'information, une fois... Sa tête valait 100$ et il a banni l'expression de son vocabulaire depuis...

Cela dit, je découvre tout juste ton blog (que je trouve intéressant) et j'ai l'intention de fouiller tes archives...

Top Blogues