24/09/2007

Québec, Jésus, Accomodements raisonnables.

Je crois bien vous avoir déjà dit que je ne voulais pas écrire des billets sur l'actualité. La raison est bien simple: plein d'auteurs le font déjà et mieux que moi.

Aujourd'hui c'est différent. J'ai pris connaissance des nouvelles et j'avoue, un peu honteusement, que ce n'est pas les manifestations au Myanmar ni la mission afghane qui ont retenu mon attention. Ce matin c'est au tour d'un Jacques Tremblay, «agent» de pastorale au Saguenay, qui a osé exprimer un voeux pieux. Je dis «oser» parce que ça prend beaucoup audace pour affirmer que le Christ devrait faire partie de la sphère publique. M. Tremblay a soit beaucoup de courage, ce qu'il faut louanger chez les chrétiens, soit il est à ce point éclairé par le divin qu'il n'a plus besoin de comprendre quoique ce soit. Dans tout les cas, son commentaire, s'il n'est pas brillant, est révélateur.

Dans la foulée des accommodements raisonnables et de la réaction (nous sommes encore très loin de la «réflexion») que ce débat suscite, ce genre de sortie publique est peut-être agaçant mais pas très surprenant. Le message n'est pas neuf: Pourquoi questionner le modèle québécois puisqu'on trouve toutes les réponses dans la «tradition»? La tradition d'état est lente à se manifester et à agir. De son côté, la tradition cuturelle est étrangement muette eût égard aux enjeux culturels. Pour le québécois moyen, confus et sans outils rationnels pour juger du contexte, cette situation d'apparente «perdition» est insupportable et devient vite une source constante d'angoisse. Inconsciemment, le québécois(e) cherchera compulsivent un modèle propre à lui dicter la bonne conduite alors qu'il affronte un quotidien semé d'embûches, de musulmans et de juifs. Plombés par l'incohérence, l'ignorance et la peur de se découvrir peureux, oisif et un peu idiot, le québécois moyen aura le réflexe immédiat de puiser dans la dernière tradition qu'il lui reste, celle dont il a cherché à se défaire pendant de longues années: La religion.

Je vous gage que le crucifix de petit Jésus va se faire voir la graine plus souvent dans les prochaines semaines. Au fur et à mesure que les travaux de la Commission Bouchard-Taylor vont avancer, la confusion va grandir, alimentée par l'incapacité chronique des québécois et québécoises à essayer de comprendre de quoi il est question. Enflés par des préjugés puériles et la peur populaire à l'endroit de l'intellectualisme, l'opinion publique va sombrée de plus en plus dans l'obscurantime et la bêtise. Les intellectuels qui s'opposeront à la débâcle seront stigmatisés par des attributs forts comme «go-gauche», «socialistes», «pelleteux de nuages». Dans tout les cas, voyant la grogne augmentée, les médias flaireront la bonne affaire et alimenteront le débat. On acceptera les arguments religieux et chrétiens parce que même si on n'est pas croyant, la religion catholique a au moins le mérite d'être la nôtre, tout comme le français est à nous et comme René Lévesque est à nous aussi. Encore un besoin d'originalité, encore une prière pour nos racines, encore une fois le Québec est mis en échec par ses névroses collectives.

À chaque fois c'est la même chose et si on ne me demande pas de participer au débat, je m'y retrouve quand même par la force des choses. Mon désaccord avec l'opinion de celui ou celle que j'identifie comme étant le québécois moyen est à ce point tranché que je suis attiré dans le débat par un simple jeu de contrastes.

Alors la véritable question que je me pose est la suivante: «Suis-je moi-même un québécois»?

Et la réponse est catégorique: Non, j'aurais honte.

p.s.: Si un jour, on vote des lois dont le mérite est de glorifier la soi-disante culture du Québec et de la protéger du méchant «dehors» et du sinistre «étranger», enlever moi le droit de vote, donner moi une burkah et foutez-moi dehors. Renvoyez-moi chez les arabes, chez les juifs ou chez les voodoos...peu m'importe. Je préfère m'habiller en femme, porter des boudins ou me faire zombie plutôt que de me taper les pensées stupides et décadente d'un «agent» de pastorale. Pis c'est quoi ça un «agent» de pastorale? Ça agit sur quoi exactement? Saleté de chrétien, il se mérite une bine pour m'avoir détourner de mes études pendant une heure.

ah, ça existe déjà...

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