27/07/2007

Être ou ne pas être - courte réflexion sur l'amour

J'ai une mémoire à qui on ne peut faire confiance, en aucun cas. C'est d'ailleurs la principale raison qui motive ce blog; archiver mes pensées et comme dans le Phèdre de Platon, trompé l'oubli...on pourrait dire affaiblir ma mémoire. Le constat virtuel d'une faiblesse.


Dans tout les cas, ce n'est pas de ma mémoire dont il est question mais du rapport entre l'existence et l'amour.

Qu'est-ce qui fait le plus mal dans la rupture? L'abscence de la personne aimée ou la réunion avec soi-même?

Je m'explique:

Sommes-nous la même personne en public que seul? La réponse semble évidente. Je pense que non. Un peu comme Socrate qui explique à Critias qu'il est bienheureux lui (Critias) de rentrer chez lui et d'être seul puisque lui (Socrate) doit rendre des comptes à sa conscience. Parmi ses pairs, Socrate ne se présente pas comme un double de lui-même ou comme une personnalité multiple. Critias ne voit pas plusieurs Socrate à la fois, mais un seul. Cela semble banal mais à bien y penser, c'est seulement un public qu'on apparaît comme unique et identifiable. Sous le regard des autres, nous paraissons complet, un.

Mais nous faisons tous quotidiennement l'expérience d'être seul avec notre existence à qui on doit rendre des compte. Une sensation souvent intolérable qui est très souvent une source de grande anxiété. Lévinas appelait ça l'horrible sensation de l'«il-y-a», de l'être, de l'existence sans visage, sans but, sans objectif, sans sens.

Et si l'amour était une réponse à cette sensation d'il-y-a? l'être aimé serait le dépositaire de la garantie de notre «unicité». Il répondrait à ce besoin viscéral d'être Un, d'être complet et achevé. Or, être Un à deux, c'est impossible. Un morceau de sagesse populaire qu'on pourrait trouver banal, mais je le pense pertinent dans ce contexte.

Si c'était le cas, alors ce qui fait mal dans la rupture, c'est le sentiment terrible et engouffrant de «ne pas être». C'est la sensation de vide existentiel, terrible entre la nuit et le jour. Une existence sans voix, prisonnière d'elle-même.

Le retour sur soi que la rupture exige est épouvantable, ce qui fait mal c'est l'existence, un peu mise de côté dans la relation amoureuse, qui revient à la charge reclâmer son dû et régler ses comptes. Le vide dans lequel on s'abîme.

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