25/09/2007

La philosophie

Je me suis retrouvé dans un monde tout en murs droits, en pièces ordonnées, en étagères cordées, en rangées, étalage, couleurs fades, sans contrastes...l'hôpital de la pensée ou le funérarium de la créativité, je ne sais plus.

Nous étions quelques milliers à répondre à l'appel. Le campus ouvrait grand ses portes à une armée, une nation presque, de filles vraiment sexy et gars plutôt épais. enfin...

Alors me voilà prisonnier d'une faculté dont le mandat est de me former à la vérité et de m'empêcher de me lier d'amitié avec cette race de dégénérés qu'on appelle les sophistes. C'est que voyez-vous, mon destin est d'être philosophe.

Funeste entreprise! Ces ogres du Vrai m'ont mangéle cervelet, ils ont sucé mon sang d'encre et ils ont vidé mes tripes. Écorché, nettoyé de tout ce qui pourrait nuire à ma raison, il ne leur restait qu'à introduire la farce, ce qu'une équipe de ces taxidermistes de la raison allait s'empresser de faire. Mon humeur sanguine fût remplacée par un fluide néo-platonicien, mon esprit, glonflé par un gaz métaphysique, allait pouvoir flotter dans les nuages de la modernité. Pour finir, ma chair fût remplacée par un peluche de méthode et de savoir-faire académique.

Je suis devenu un épouvantail, ou une dinde...c'est selon.

Ce qui explique pourquoi je n'écris plus. Mon inspiration est en veille, j'ai bien deux ou trois veilleuses que je pourrais partager avec mes éventuelles lectrices, mais je les conservent pour plus tard, pour après ma session, quand le spleen d'automne m'aura rattrapé.

Je pourrais vous raconter comment je fais pour éviter de me faire mal au dos en tenant tout un monde sur mes épaules. Ou encore, tout l'effort que je mets à résister à une sirène, quitte à saborder mon propre navire. Mes aventures avec mon fidèle Bucéphale présentent un certain intérêt, vous avez raison, tout comme mes engueulades avec Ouranos, mais vous n'avez qu'à ouvrir un livre pour ça...tout a été dit.

Je pourrais parler de cul aussi. Le sexe vend bien, surtout à la sauce cynique, et c'est facile en plus. Vous aimeriez ça que je vous donne le secret pour vivre une relation saine, cochonne et ouverte, n'est-ce pas?

ok.

Mais je dois étudier avant.




Les bras d'un autre

Je me suis réveillé avec l'impression très claire que les choses avançaient. Ma quête s'achevait et après un peu plus de 32 ans de dérive, j'allais enfin découvrir quel genre d'homme j'étais et me jeter à la face du monde comme une claque su'a gueule. Plus que quelques jours avant l'âge mythique et fondateur: l'âge du Christ.
Couvé sous ma douillette, je méditais sur la qualité de mon existence et je prenais tranquillement conscience de mon univers. Je n'ai jamais cru aux gnomes, aux fées ou aux elfes, mais aujourd'hui c'était différent. Ma chambre avait changée pendant la nuit et seule une puissante magie aurais pu venir à bout de ce lieu lugubre et renfermé ou je m'étais enfermé la veille. À la place de la vieille toile de polyester blanc, trouée et coupante, on avait mis un contour ensoleillé et l'odeur de fond de tonne avait fait place à un gaz plus léger et plus frais. C'était le jour, on m'avais transporté dans le monde meveilleux de Disney et au lieu de me levé en me disant «encore», je naissais à ce nouveau monde avec le mot «enfin». J'étais bien endolori par mes ébats de la veille avec Morphé, mais les petites douleurs d'un mâle naissant sont pour lui sans conséquences. Je me laissais flotter avec volupté en me grattant l'homme et en portant une attention vague à la clameur qui montait de la rue, étonné de sentir mon esprit chercher à faire du sens et de la cohérence avec ce qui n'en a pas. Comme si, tout naturellement, le son des voitures, les miaulements, le cris d'enfants, les bruits de construction et la rumeur de la ville était relié par une longue chaîne de circonstances qui ne me restait qu'a découvrir. J'avais beau faire, ma tête voulait du sens, la raison s'emparait de moi et toute ma belle disposition à recevoir et à communier avec une ville renouvelée s'effaçait à mesure que ma rationalité reprenait son cours. Un sentiment de désespoir m'envahissait alors que mon entendement lacérait mon univers onirique et que le quotidien reprenait ses droits: appeler Mastercard, faire la vaisselle laissée là par mon frère, aller me promener sur la rue St-Jean, sourire, être poli. Fait chier putain.
Dans le coin gauche, l'ennui avec un grand E. Celui dont on ne sort pas, celui qu'on évite et qu'on veut tromper. L'ennemi juré que l'existence lance à notre poursuite dès l'âge de raison et qui nous force à trouver tout un éventail de petits trucs pour y survivre. Dans le coin droit, l'envie de dormir, ou de pêter les plombs et de faire une colère aux proportions épiques puis de tout laisser tomber et de s'enfuir loin, loin. Fidèle à ma génération, je reste allongé dans mon lit, en croix et je me concentre sur une discussion d'étudiants qui a lieu juste en bas, dans la rue: «non, je te dis, Morphé c'est un homme». Ça fait 33 ans que je m'endors dans les bras d'un homme et c'est maintenant que je le découvre?!

La journée s'annonce étrange.




24/09/2007

Québec, Jésus, Accomodements raisonnables.

Je crois bien vous avoir déjà dit que je ne voulais pas écrire des billets sur l'actualité. La raison est bien simple: plein d'auteurs le font déjà et mieux que moi.

Aujourd'hui c'est différent. J'ai pris connaissance des nouvelles et j'avoue, un peu honteusement, que ce n'est pas les manifestations au Myanmar ni la mission afghane qui ont retenu mon attention. Ce matin c'est au tour d'un Jacques Tremblay, «agent» de pastorale au Saguenay, qui a osé exprimer un voeux pieux. Je dis «oser» parce que ça prend beaucoup audace pour affirmer que le Christ devrait faire partie de la sphère publique. M. Tremblay a soit beaucoup de courage, ce qu'il faut louanger chez les chrétiens, soit il est à ce point éclairé par le divin qu'il n'a plus besoin de comprendre quoique ce soit. Dans tout les cas, son commentaire, s'il n'est pas brillant, est révélateur.

Dans la foulée des accommodements raisonnables et de la réaction (nous sommes encore très loin de la «réflexion») que ce débat suscite, ce genre de sortie publique est peut-être agaçant mais pas très surprenant. Le message n'est pas neuf: Pourquoi questionner le modèle québécois puisqu'on trouve toutes les réponses dans la «tradition»? La tradition d'état est lente à se manifester et à agir. De son côté, la tradition cuturelle est étrangement muette eût égard aux enjeux culturels. Pour le québécois moyen, confus et sans outils rationnels pour juger du contexte, cette situation d'apparente «perdition» est insupportable et devient vite une source constante d'angoisse. Inconsciemment, le québécois(e) cherchera compulsivent un modèle propre à lui dicter la bonne conduite alors qu'il affronte un quotidien semé d'embûches, de musulmans et de juifs. Plombés par l'incohérence, l'ignorance et la peur de se découvrir peureux, oisif et un peu idiot, le québécois moyen aura le réflexe immédiat de puiser dans la dernière tradition qu'il lui reste, celle dont il a cherché à se défaire pendant de longues années: La religion.

Je vous gage que le crucifix de petit Jésus va se faire voir la graine plus souvent dans les prochaines semaines. Au fur et à mesure que les travaux de la Commission Bouchard-Taylor vont avancer, la confusion va grandir, alimentée par l'incapacité chronique des québécois et québécoises à essayer de comprendre de quoi il est question. Enflés par des préjugés puériles et la peur populaire à l'endroit de l'intellectualisme, l'opinion publique va sombrée de plus en plus dans l'obscurantime et la bêtise. Les intellectuels qui s'opposeront à la débâcle seront stigmatisés par des attributs forts comme «go-gauche», «socialistes», «pelleteux de nuages». Dans tout les cas, voyant la grogne augmentée, les médias flaireront la bonne affaire et alimenteront le débat. On acceptera les arguments religieux et chrétiens parce que même si on n'est pas croyant, la religion catholique a au moins le mérite d'être la nôtre, tout comme le français est à nous et comme René Lévesque est à nous aussi. Encore un besoin d'originalité, encore une prière pour nos racines, encore une fois le Québec est mis en échec par ses névroses collectives.

À chaque fois c'est la même chose et si on ne me demande pas de participer au débat, je m'y retrouve quand même par la force des choses. Mon désaccord avec l'opinion de celui ou celle que j'identifie comme étant le québécois moyen est à ce point tranché que je suis attiré dans le débat par un simple jeu de contrastes.

Alors la véritable question que je me pose est la suivante: «Suis-je moi-même un québécois»?

Et la réponse est catégorique: Non, j'aurais honte.

p.s.: Si un jour, on vote des lois dont le mérite est de glorifier la soi-disante culture du Québec et de la protéger du méchant «dehors» et du sinistre «étranger», enlever moi le droit de vote, donner moi une burkah et foutez-moi dehors. Renvoyez-moi chez les arabes, chez les juifs ou chez les voodoos...peu m'importe. Je préfère m'habiller en femme, porter des boudins ou me faire zombie plutôt que de me taper les pensées stupides et décadente d'un «agent» de pastorale. Pis c'est quoi ça un «agent» de pastorale? Ça agit sur quoi exactement? Saleté de chrétien, il se mérite une bine pour m'avoir détourner de mes études pendant une heure.

ah, ça existe déjà...

14/09/2007

Les bulletins

N'ayant pas le temps ni l'énergie de développer un argumentaire solide, j'écris ça à l'envolée en suivant propre instinct de survie intellectuelle, constamment agacé par la bêtise ambiante. C'est comme le supplice de la goûte, une niaiserie après l'autre et le monde devient lourd et aliénant. Je suis presque prêt à avouer tout ce que vous voulez si seulement quelqu'un pouvait arrêter cette torture quotidienne...

Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer pourquoi on consacre tant de place aux bulletins scolaires?

Ce matin, alors que je méditais tranquillement sur la perspective de Pierre Hadot sur les pratiques éducatives de la Grèce antique, j'ai remarqué la page titre du Journal de Québec, chose que j'évite la plupart du temps. Le titre associait deux mots: Bulletins et chaos, et plusieurs émotions :«grand drame, crise de la culture, anxiété, confusion». Inquiet de voir exprimé toute l'ampleur du drame québécois en si peu de mots, je laissai là mon étude des stoïciens pour me laisser aller dans ce qu'on pourrait appeler le pathos québécois, c'est-à-dire dans l'obsession compulsive du modèle.

Je m'explique.

Depuis nos Lumières à nous, la Révolution Tranquille, on assiste périodiquement à des mouvements idéologiques qui visent à justifier la fondation du Québec en tant que culture distincte. On a eu droit à l'éloquence de René Lévesque, à la dissidence du FLQ et du mouvement syndical, à l'avant-gardisme de Parti Pris, le Refus Global, alouette. Tout ça est très enlevant; des histoires de meurtres, de bombes, de scandales, de politiciens tordus, de combats, mais surtout une longue histoire de défaites, d'échecs où, une fois après l'autre, on constate le besoin criant et pathétique d'une communauté d'individus qui soignent leur manque de courage et qui cachent leurs esprits de guetto derrière des modèles adaptés et empruntés à une soi-disante conception de ce que devrait être le Québec.
Peu à peu, on remarque que le modèle québécois de société est inadéquat. Pour preuves, le débat sur les accommodements raisonables et le simple fait que l'intérêt pour le Parti Québécois, qui est le symbole d'une société naissante mais aussi l'incarnation d'un mythe de fondation, semble augmenter dès que les «valeurs communes» du québécois moyen deviennent confusent. Prenez assez de temps pour polémiquer un peu au sujet des valeurs «souches» et le nationalisme québécois augmente proportionnellement avec chaque argument en faveur de la faiblesse du «modèle». Nonobstant les preuves historiques de la force de la culture québécoise ;Trois invasions, deux frontières anglophones et 400 ans d'histoire, toujours en français, on semble encore croire que la disparition de la langue est imminente, qu'on complote contre la société québécoise et qu'en fait, Lord Durham est encore bien vivant et qu'il s'incarne dans le Coast to Coast canadien. C'est non seulement complètement irrationnel que le québécois se sente en danger d'extinction, c'est pathologique. Ce qui donne un sens à la culture québécoise, c'est la peur de ne pas être ce qu'elle prétend être. Dans cette perspective, est-ce surprenant qu'on retrouve du réconfort à se comparer à un modèle ou à un autre?

Il faut comprendre «modèle» et «comparaison» dans leurs sens symboliques, voire psychanalytique. Au modèle, on peut substituer à peu près n'importe quel système, fût-il celui de la santé ou celui de l'éducation. Et encore, «Système» s'entend aussi dans son sens presque Jungien puisque le mot «système» fait aujourd'hui office d'archétype ou de modèle primordial auquel on accorde notre confiance puisqu'il nous donne une explication du monde qui nous garantit que si on agit en accord avec le «bon» système, on agit bien. Enfin...

Or, pour le québécois, la «comparaison» avec l'archétype «Sytème», constitue un mécanisme de défense contre l'angoisse que suscite notre crise d'identité: La peur de ne pas être ce qu'on prétend être. Si le système est critiqué ou si le modèle est remis en question, le mécanisme de comparaison cesse d'être efficace et en conséquence, on se met à prêcher pour la survie de notre modèle québécois.

Dès lors, on se retrouve dans des commissions sur les accommodements raisonables, les rumeurs d'élections, les changement de chefs du Parti Québécois, le populisme médiocre de l'ADQ et, bien évidemment, le drame des bulletins des petits québécois!

En fait, je n'y vois pas vraiment la volonté d'y voir plus clair. J'y vois surtout, encore, la mise en branle d'une multitude de mécanismes visant à éviter de voir les choses en face: nous avons peurs, nous sommes faibles, nous sommes des poltrons, nous vivons une névrose collective. De notre promesse de pluralisme jusqu'aux bulletins scolaires, rien ne fait notre affaire, nous nous sommes trompés, nous nous trompons quotidiennement, trop hypocrites pour admettre que le Québec moderne est un échec.

Il ne s'agit pas simplement de faire un retour sur soi, une autre épreuve d'introspection ou de passer au aveu, ce qui serait analogue à retourner vers le Québec catholique du XXème siècle. En fait, je crois que nous devons nous inspirer des demandes des différentes cultures dont nous sommes les hôtes. En nous demandant de leurs accommoder des espaces de pratiques culturelles, les cultures d'adoptions ne constituent pas vraiment un dérangement. En soi, elles ne veulent pas déranger, l'agacement relatif aux accommodements vient de notre part. En fait, les cultures étrangères font ce qu'elle font beaucoup mieux que le Québec: elles s'affirment, elles s'auto-réalisent, elles incarnent leurs propre sens. En d'autres termes, elles sont fortes, elles sont vivantes et cette vie, cette énergie, devrait au contraire dynamiser un Québec léthargique et affaiblit. Il ne s'agit pas de tolérance. Nous sommes tolérants par crainte d'affirmation. En effet, que nous arriverait-il si, en devenant ce qu'on est, nous cessions d'être ce qu'on que le Québec devrait être? C'est une tolérance issue de la peur et pratiquée par des poltrons et, en soi, c'est l'aveu muet d'un manque flagrant de courage.

Quel est le rapport des bulletins?

Vous êtes un parent. Vous avez la responsabilité de vérifier que votre enfant acquiert les connaissances qui lui seront nécessaires afin de participer à la société québécoise. Fier de votre maturité, vous maîtrisez d'ores et déjà le «modèle» québécois que vous «comparez» au «Système» qui vous apparaît le meilleurs. C'est normal, vous êtes un adulte, vous êtes responsable. Vous savez que vos choix sont les meilleurs puisqu'ils son en accord avec le «modèle» qui est lui-même garantit par le «Système». Maintenant, il s'agit d'évaluer si votre enfant que vous aimez tant, est lui-aussi en accord avec le «modèle». Vous parcourez son bulletin et, horreur! Les notes échappent à votre jugement! Comment alors juger du développement «normal» de votre progénitures? Vous prenez le téléphone et appelez immédiatement le professeur afin d'y voir plus clair. Le bulletin est illisible, incompréhensible. Il ne représente rien, son existence suffit à être une insulte à ce que vous jugez être bien et raisonable. Vous faites des pressions sur votre député qui, incidemment, est aussi un parent. D'autres voix parentales se joignent à la vôtre, on créer une commission, le dossier avance, on fait une refonte du bulletin. Vous allez les avoirs, vous allez faire changer les choses! Bravo!

Pendant ce temps, votre enfant ne peut jouir et profiter de votre expérience du monde. Pourquoi?

Parce que vous refusez d'admettre qu'en fait, vous pourriez comprendre le bulletin mais que l'effort de pensée que cette compréhension représente vous forcerait à être critique face à votre propre univers, face à vos idées reçues. En retour, le doute s'installerait, vous devriiez changer vos façon d'être au quotidien. Ce que vous croyiiez être le bon modèle s'effriterait, perdrait de son sens. Vous seriez forcer d'admettre que, toute votre vie, vous vous êtes trompé et que votre comportement doit changer en conséquence.

Amèrement trompé.

Que vous avez trompé vos enfants et ceux des autres et qu'en fait, votre vie est un échec.

Or, au lieu de vous dire:«bah, qu'à cela ne tienne, j'aime la vie, je suis fort, endurcie, je vais recommencer parce que ainsi vont les choses!» et, dans un grand rire tragique, renverser la vapeur même si c'est pour disparaître, vous allez avoir la chienne et ramper dans votre garde-robe, sous votre douillette en suivant une commission d'étude qui devrait tout remettre comme c'était avant.

Moumounes.



10/09/2007

Le Fleuve.

J'ai commencé par ouvrir les yeux. Ensuite, si je me souviens bien, j'ai tendu les bras vers le dehors en respirant profondément. Assez pour avoir l'impression d'inspirer le monde. C'est le torse gonflé, les bras ouverts et l'univers dans la poitrine que je me suis mis à regarder vers l'avenir. Tout était à moi. Mon sentiment de propriété était tel que je me sentais en communion avec l'ensemble de la réalité, la terre et au-delà, tout m'appartenais. J'étais un autochtone, spontanément éjecté dans un monde de nourriture où tout m'alimentait.

D'accord, je le concède, je n'y voyais rien puisqu'il faisait nuit. N'eut été du bruit épouvantable de ma conscience, je me serais cru flottant dans le néant avec ma seule existence pour me tenir compagnie. Le verbe «exister» m'apparaissait comme le vrombissement à tout rompre d'une immense cascade ou bien comme les cascades du fleuve d'Héraclite. En me concentrant, j'arrivais à déceler un son ambigü qui accompagnait celui de ce terrible court d'eau. Ce n'était pas une mélodie, ni même un accord, pas un son...il s'agissait plutôt d'une fréquence. Dans la pièce d'à côté, on changeait les postes d'un radio. Sans pouvoir y trouver une histoire ou sans entendre une nouvelle, je captais tout de même du sens et lentement, mon univers se fixait en de multiples formes. Ici, une maison apparaissait, de plus en plus grande. Elle se meublait, prenait vie, se rénovait. Des antennes y poussait qui me mettait en contact avec le monde. Dans la cours, une voiture s'était manifestée; banc de cuir, gros moteur, kit de son. Puis un deuxième; 4x4, grosses roues, beaucoup d'espace. Excité par tant de nouveauté, je traversai un salon rempli de livres que je ne lirais jamais, un ordinateur était là, arrimé à un énorme écran qui montrait des formes géométriques en suivant le rythme de la musique d'un Ipod haut de gamme. Partout, le fleuve plein de rapide se figeait pour devenir un ou l'autre objet que je désirais. Mes moindres voeux s'exauçaient...j'entendais même les rires d'au moins deux femmes dans le spa qui venait d'apparaître dans ma cour.

Puis, tout devînt calme, fixe. Le silence m'envahissait, opressant. Pourtant, tout grandissait à vu d'oeil, j'étais comme Alice au pays des merveilles: de plus en plus petit. Les murs croissaient à la vitesse lumière. Bientôt, je ne fus plus capable de grimper les marches de l'escalier et tout ça dans le silence le plus complet. Tout était si immense que j'en perdais la mesure. Mon univers se décomposait en lignes droites au fur et à mesure que la perspective faisait disparaître les courbes et les rondeur. Les couleurs s'étiolaient de plus en plus, les contrasts se déchirait et s'éloignaient les uns des autres, les objets devenaient informes et ma raison cherchait en vain à faire du sens de cette masse primordiale, au-delà du chaos, mon monde redevenait du néant. Je découvrais le «nulle part» des fables et des mondes absents. Cette univers pulsait. À l'extérieur, un géant respirait et j'en ressentais la pression sur les paroies de ma réalité. Ce qui m'effrayait le plus, c'était ce son, à peine deviné, d'une marée océanique qui s'abattait sur les remparts de mon ancienne demeure qui me semblait alors très fragile. À l'extérieur, Neptune, choqué noir, allait m'engloutir. Terrorisé, je me fit petit, minuscule au point de disparaître.

Ma disparition est venue comme un choc et c'est une chance puisque je me suis réveillé, dans le noir et n'eut été du bruit épouvantable de ma conscience, je me serais cru flottant dans le néant.

J'avais fait un rêve américain.

07/09/2007

Le Québec et le reste.

Pratiquement tout les peuples ont des mythes de fondations qui garantissent leurs appartenance à la terre et qui légitime leurs propriétés culturelles sur la terre, les paysages, les monuments voire aussi le ciel et les étoiles. Pour les Athéniens, c'est Érichtonios, d'où nous viens «chtonien» qui signifie terre. le mot autochtone en est un dérivé. Qu'ils s'agissent de dieux, de héros, du chaos ou du silence, l'être culturel a toujours cherché à assurer son identité et à assurer sa survie dans le temps par une forme ou une autre d'originalité. Ce sentiment d'être «original» a pour but de nous rassurer face aux angoisses que suscite notre disparition imminente et nous permet les distinctions en nous différenciant des autres cultures.

Qu'en est-il du Québec? Avons-nous des mythes, des héros, des sagas? Il semblerait que non. Nous sommes laissés à nous même, sans références ni modèles. Que doit-on retenir de notre passé? le cycle des saisons? alors que l'hiver est devenu plus une nuisance qu'une saison d'aventure ou le mot survie prend tout son sens, je crois bien qu'on m'accordera que l'hiver n'est plus une force caractérisante de notre culture. La bataille pour la sauvegade du français? ah, de quelle utilité est une langue si la culture qu'elle transporte ne peut même plus comptée sur les saisons pour s'enrichir et se faire? les référendums? Ils m'apparaissent plutôt comme l'aveux d'un échec d'auto-détermination.

Alors en ce qui concerne le débat sur les accomodements raisonnables, je me demande bien sur quelle culture il porte au juste? la place des cultures d'autruis et leurs forces dynamisantes ou l'appauvrissement de la nôtre? Nous n'avons jamais voulu prendre le contrôle de la culture québécoise. Au contraire, au Québec il semble qu'on se méfie des intellectuels. Alors quoi? vous avez peur de perdre quoi exactement? un contrôle que vous ne possédez pas de toute facon ou la crainte de voir éclater au grand jour une vérité qu'on se cache depuis le traumatisme référendaire de 1980, c'est-à-dire que le québécois moyen est faible, peureux et oisif?

J'habite en plein coeur de la capitale et pourtant j'ai souvent l'impression de vivre au moyen-âge.

04/09/2007

Place aux jeunes!

Je n'avais jamais vu autant de vapeur au crépuscule. Un épaix brouillard, comme on en retrouve seulement à Londre parait-il, recouvrait presque tout l'agora et je ne bénéficiais que de la lumière électrisante de deux ou trois grosses boîtes sponsorisées par les dieux du panthéon des cegeps du québec : Coca Cola, Dasani, Oasis. On m'avait fait de la place, beaucoup de place, autant de place qu'un officier de ma trempe pouvait désirer. Ce soir là, on m'avait chargé d'un cargo spécial qui devait garantir la pérennité et l'avenir de notre société révérée. Ma responsabilité dépassait largement mon dos de simple mortel mais qu'importe, j'en avais vu d'autres et quoique je ne sache pas nager, les vagues et les tempêtes de l'Existence ne m'effrayaient pas le moins du monde.
Je m'affairais à préparer mon départs (monter la roue, brancher les voiles et tester le son de mon navire) sous l'oeil désintéressé d'une petite partie de mon cargo. Il avait l'air inerte et sans vie à un point tel que son manque d'entrain suscita mon attention. Était-il mourrant? Un sentiment d'anxiété naissait au creux de mon estomac alors que j'examinai un peu plus le sol sur lequel il était affalé. Plein de rondeurs, d'une couleur attrayante et feutrée, l'air moelleux presque confortable...mon cargo se faisait avaler par un fauteuil mangeur d'ado! Qu'elle épouvantable fin pour un morceau d'avenir! Affolé, je parcouru la scène de mon regard à la recherche d'un peu d'aide, la force de mon désespoir déchirant les brumes blanches et poudreuses qui nous enveloppaient mon cargo et moi. Blafard et terne, le cargo ventripotent tendis une main vers la lumière teintée de rouge et de blanc qu'émettait un des dieux en canne. Les doigts du cargo s'étiraient vers les promesses sucrées du Coke et je sentais son espoir tentaculaire en caresser les boutons. Sans volonté réelle mais animé par un objectif très clair, mon jeune ami se dressa raide comme un clou et commanda à son embonpoint de le conduire au temple de Coca Cola. Ainsi, il s'échappait de l'emprise de la chose velouté qui l'empêchait de se lever. D'un maître à l'autre, cet esclave de 17 ans allait être sous ma tutelle pour la soirée. Je fûs pris d'un vertige! le mot «absence» prenait tout son sens!

Pendant un instant une force qui m'est inconnue arrêta le cours du temps, la roue du progrès cessa ses révolutions et le fantôme du temps futur m'apparu, triste et pesant. Avant de vous raconter ce qu'il m'a montré de l'avenir, je dois faire le récit de la soirée. Je vous ai déjà dit que j'avais déjà eu une aventures avec des sirènes? elles chantaient et tout, et tout...c'était bien. Dans ce cas-ci leur chant était insupportable! C'était comme un sillement strident. Le cargo synonyme d'absence, le brouillard immobile, le fauteuil paresseux, la machine coca cola insistante et ce son, aigü, continu et agaçant qui précède le début des émissions! je devenais irritable, ce jeune épais, gavé à l'eau brune méritait une correction! Plus jeune, je m'étais abîmé la main gauche sur une fille mais rien n'empêchait ma main droite d'agir et d'ailleurs, elle s'élevait de plus en plus haut vers ce petit gros, zouf en devenir, qui préférait s'engrossir comme une oie plutôt que de se mettre a l'exercice.

La botte proverbiale s'approchait dangeureusement de ses fesses lorsqu'une horde de jeunes barbares accourue à sa rescousse. Calottes à pallettes drettes, boutons et pustules, ombre de barbe, chemise type «robe de chambre» et de l'attitude à revendre, 50 petits crisses de totons de maudits gorlots de petit maudit bats de 17 ans envahissaient mon antre et ce n'est que mon sens des responsabilités et ma grande maturité doublée de longues années d'expérience qui m'interdirent de les jetter par-dessus bord. Imaginez toute une cohorte de petits gars avec des rêves d'hommes, noyés dans un grand tourbillon d'hormones, en plein stade génital, l'identité gonflée comme un ballon et avec des besoins criants mais peu convaincants d'autonomie. Étant tous identiques, la tâche de décrire ce banc de petits monstres marins est difficile, voire impossible; ils ont d'énormes pouces, leurs postures parfois réservée, comme si le moindre mouvement allait défaire leurs maquillage, parfois exubérante, comme si la maturité correspondait au gaspillage d'énergie. On les sent fragiles mais leurs visages affichent une attitude défiante et contestataire et quoiqu'ils se croient tous plus ou moins rebelles, ils manquent cruellement d'imagination lorsque vient le moment d'user de leurs nouvelle volonté car pour ces jeunes là, faire la révolution se résume à être impolis et paresseux. Partout dans leur éxécrable attitude ont peut voir et visiter les vestiges d'un stade anal mal assumé. Comme si tout ce qu'ils avaient appris pendant leurs misérables 17 ans d'existence consistait à se retenir de vous chiez dans les mains, ou à vous faire l'inestimable cadeau de leur étron caractériel.
Ainsi, ma belle mer de tranquilité se transformait tranquillement en un égoûts de confusion et de dérangement. Qu'importe! Tout ce dont j'avais besoin, c'est que ça flotte.
Propulsé par mon choix judicieux de mélodies populaires nous quittions lentement le port en direction de ce qui, à mon insu, allait être mon destin. Après quelques morceaux, bijoux immortels des pistes de danses à travers le monde, un de mes petits monstres s'approchent et me dit:« eille, dude, t'as pas de quoi plus Old School?»
Interloqué et choqué par son manque de culture populaire, je lui rétorque que «hey, c'est Beastie Boys...» et lui de me dire sèchement: «Ke cé sa?». J'ai toujours cru que «Ke cé sa» signifiait en fait «qu'est-ce que c'est?», le début de l'étonnement et de la prise de conscience. LA question avec laquelle on commence notre vie et qui rend la poésie possible et les savoirs efficaces. Grave, que dis-je, terrible erreur! En fait, «Kecésa» est un mot de pouvoir qui vous ensorcelle et vous fait vieillir de plus en plus vite. Ce petit enfant de chienne venait de me faire prendre 15 ans d'un coup! Cette...chose...ridicule, maladroite, niaise et inculte était un affront à ma jeunesse! Loin d'être épouvanté par ce diablotin insignifiant, je fûs au contraire pris d'un sentiment d'omnipotence inspiré par une rage irrationnelle qui peut être décrite par ces quelques mots: « Décalisse, p'tit crisse d'innocent!».
Je ne suis pas le capitaine de cette épopée pour rien. J'ai fait mes preuves, je ne perds pas patience, je garde le contrôle, je suis un adulte endurci et dans le dictionnaire on trouve mon nom à côté du mot «constance» et c'est mon prénom qui décrit le mot «mesure». Je n'ai rien dit, mais j'avais les dents longues et la présence de mon interlocuteur était suffisante à elle seule pour faire dresser le poil de mon dos. J'avais vraiment envie de lui faire sentir mon souffle menaçant de mâle alpha à ce louveteau de la virilité. Il y avait de la tension dans l'air, la meute de jeunes chiens avait de l'ambition, ils convoitaient tous ma position, je le voyais au soins qu'ils mettaient à m'entourer. Je réalisai alors que je faisais face à une mutinerie! Ces traîtres, ces bandits de cafétéria allaient me forcer à mettre des...je n'ose pas le dire...des HITS! Leurs rangs se dispersèrent pour laisser passer un jeune mutin qui, ma foi, avait un style original: mariant un toupet noir très «émo», un bandeau Volcom néo-hippies, un pad new wave et des «shoes» Puma. Il était bien informé, tout son attirail semblait avoir été pensé pour me faire mal tant il crystallisait presque tout ce que je déteste: le Trend! j'ai bien essayé d'avoir le Trend, mais je n'y arrive pas et c'est une source constante de frustration. Pourtant, le Trend me ferait tellement de bien parfois. Pouvoir, à loisir, déplacer mes angoisses et le vide existentiel sur une griffe comme Volcom ou Billabong par exemple...ah, ce serait un baume sur mon âme anxieuse. Remplir le vide par de la pub et ses promesses d'existence complète. Mais non, on m'a maudit et condamné à n'être qu'un mur blanc, qu'un espace vide duquel décolle toutes les étiquettes qu'on y colle. Dommage.
Les sentiments de colère et d'agressivité s'estompaient tranquillement pour être remplacé par de la lassitude et de la mélancolie. Doucement, je sombrais dans la réalité: Ils étaient jeunes et fringants, beaux, frais et dynamiques. J'étais aguerris certes, mais fatigué et de 15 ans leur aîné. Sans le savoir, ils avaient la vie devant eux et les premières découvertes, le suspens humide des premières aventures. Moi j'avais un passé de moins en moins de party, mon monde perdait de son sens mythique et fondateur, ma vie gravitait inlassablement autour d'une masse de responsabilités ne possédants aucune relations logiques avec ce que la vie avait à m'offrir de mieux. Bref, j'étais un adulte aux prises avec un monde d'adulte; discrétionnaire, sans rien d'autre que de fausses justifications qui empruntaient leurs force à une bureaucratie toute puissante. Ah, je croulais sous les pensées et les descritions impitoyables et plates de mon univers de mâle adulte et raisonnable!
Je voguais à l'aveugle depuis plus d'une heure. La mutinerie c'était calmée et mon cargo semblait s'être fait à l'idée que c'était moi et personne d'autre qui allait commander ce navire et je sentais qu'on commençait à apprécier mon intégrité et à respecter mon expérience. Tranquillement, je baissais ma garde. Tout était trop calme. J'aurais dû le savoir, c'était un piège.
Ça sentait le traquenard à plein nez et tout mes sens devenait mon odora. J'étais en alerte, le brouillard se dispersait et un vent nouveau se levait. Profitant d'un silence momentané, des sirènes s'étaient glissées parmi les mâles de la meute et avaient grimpées sur les caisses de sons qui me faisait face. Elles étaient petites et judicieusement vêtues. Je regardai vers le ciel en implorant les dieux des djs de trouvé une toune cochonne et immédiatement je fixai le sol, coupable et honteux d'avoir de telles idées. Je conjurai toute ma volonté à refoulé mon intérêt vers les recoins de mon âme, je le répète, d'adulte. Là ou le sex-appeal n'a plus d'influence si l'objet du désir n'a pas au minimum 25 ans. Satisfait de faire mon âge à nouveau, je regardai derechef vers le ciel afin de rire au visage de ce dieu trompeur qui tentait de corrompre ma droiture morale en me montrant de jeune nymphette ingénue. Ah, je n'allais tout de même pas succomber aux charmes de deux moitié de femmes «barely eighteen»! Le ciel! le ciel! le ciel s'entrouvait et un rayon de lumière le traversait...j'étais damné, c'était la pleine lune. Les deux sorcières dansaient ensemble dans une tragédie de jupes courtes, de camisole sexy, d'épaules nues, de chutes de reins vertigineuses et de mouvement très professionnels! De mon côté, je perdais la tête. Mes oreilles poussaient et j'entendais le chant de la testostérone, mon museau deveniat de plus en plus fin et me pointait la direction de nouvelles proies, ma fourrure devenait de plus en plus dense, j'avais chaud, mes griffes ne voulaient que prendre. J'étais devenu une bête et mon seul véritable désir était de hurler!

J'étais à quatres pattes, je cherchais des hits. Mon seul but était de satisfaire ces deux déesses qui dansaient collées et loin, loin au fond de mon être, une toute petite voix essayait de me rappeler que je devrais m'interdir de telle réactions. Je me divisais en deux, la voix de ma raison voulait me dénaturer! «Tais-toi!», lui dis-je. «Saleté de raison, laisse donc mes pulsions s'incarner, c'est la nature qui parle. Regarde, espèce fausse chrétienne, satanée faible, elles me regardent, elles me veulent, c'est moi l'alpha». Mes remontrances revanchardes eurent de l'effet, ma raison abdiqua, terrassé par la proximité de non pas une, mais de deux jeunes femmes habillées pour faire la guerre toute la nuit mais éclairées par un aura de virginité à faire pâlir d'envie le diable en personne. À gauche comme à droite, je sentais le bout discret de leur féminité et j'étais cruellement conscient que mes mains n'avaient qu'une courte distance à faire rejoindre leurs cuisses mais que l'acte lui-même allait me sembler durer une éternité. Le regard moite, une main sur le bras, une d'elle s'approcha de mon oreille en ouvrant la bouche, je m'attendais à sentir son souffle et déjà un frisson naissait entre mes épaules, comme si mon corps anticipait une demande que deux jeunes déesses ne peuvent faire qu'à un vrai homme, pas à des jeunes mocrons en devenir. ah!

«Monsieur, vous auriez pas...»


Monsieur...st-siboire de simonac de côlisse d'esti! Monde cruel qui m'a transformer d'un jeune mâle alpha faiseur de femme à un vieux bouc donneur d'exemple!

Un jour, quand ils vont être grands, ils vont comprendre.





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